Esaie : " Consolez mon peuple "
par Roy E. Gane
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Depuis le jour où ils ont été prononcés pour la première fois,
les mots du prophète Esaïe se sont gravés, ancrés même dans notre
conscience. Ce sont des mots inoubliables, chargés non seulement
de sens. Mais aussi d'espérance et de pro-messe, des mots comme
: << Dieu est avec nous >>. (Es 7.14) , << Car
un enfant nous est né >>(Es 9.5). << Que toute vallée
soit élevé >>. (Es 40.4) et : << Or en il était transpercé
à cause de nos transgressions, écrasé à cause de nos fautes; la
correction qui nous vaut la paix est tombe sur lui, et c'est par
ses meurtrissures que nous avons été guéris. >>(Es 53.5)
Les mots font naître des images, des évocations, des échos; des
mots faibles et insignifiants créent des images faibles et insignifiantes;
des mots puissants, nobles, ciselés créent des images puissantes,
nobles et des échos sonores et précis. C'est la raison pour laquelle
les mots d'Esaie nous parlent avec une telle force, une telle précision,
même vingt-sept siècles plus tard.
Dans son poème sur le serviteur souffrant, par exemple (Es 52.13
à 53.12), usage donne du Messie une image plus af-finée que partout
ailleurs dans l'Ancien Testament. Ce passage à lui seul justifie
le nom qu'on lui donne : << prophète de l'évangile >>.
En outre, sa prophétie sur Cyrus, cité par son nom, un siècle
et demi avant que ce roi Perse conquière Babylone (Es 44. 28 à 45.6)
est d'une telle précision que certains érudits ont attribue une
grande partie d'Esaie à un << second Esaie >>
plus tardif, création vide d'hommes incapables de voir plus loin
que les limites intellectuelles friables de l'imagination hu-maine.
Esaïe conseillait des rois. Quand le fil ténu de la lignée restante
de Dieu s'est trouvé confiné dans une ville condamnée par les légions
assyriennes, les paroles prophétiques d'Esaie ont donné tu roi Ezéchias
la force de rechercher le miracle qui était le seul espoir de Jérusalem
(Es 36 à 37). Si Jérusalem était tombée alors, plutôt qu'entre les
mains des babyloniens un siècle plus tard, la politique assyrienne
consistant à disperser les peuples conquis aurait sans doute réduit
à néant l'iden-tité nationale de Juda. Ainsi aurait cessé d'exister
le peuple juif d'où le Messie, le Sauveur du monde, devait se lever.
Le Dieu d'agir disait : << Consolez mon peuple >> (Es 40.1),
consolation qui, perçant à travers une triste vallée remplie d'ombres
désespérées sans cesse plus profondes, évoquait un monde où régnait
davantage de gaieté et de douceur. Elle contenait une espérance
qui a maintenu vivante la communauté de foi à travers des temps
et des épreuves douloureuses potentiellement menaçants pour leur
foi.
Ce trimestre, nous jetons un regard sur Esaie, sur ses paroles,
les périodes de sa vie, ses épreuves, mais surtout sur son Dieu,
un Dieu qui, alors comme aujourd'hui, s'écrie : << N'aie pas peur,
car j'ai assuré ta rédemption. Je t'ai appelé par ton nom : tu es
à moi ! >> (Es 43. 1)
Quel est le message d'Esaie ? Quelles paroles, qui s'adressent
à nous avec tant de puissance aujourd'hui, écrivait-il alors ? Quels
avertissements nous donne- t-il, quelles promesses nous fait-il
? Et que nous dit-il sur ce Dieu que nous avons si désespérément
besoin de connaître ?
Le questionnaire de ce trimestre a été écrit par Roy Gane, érudit
hébreu et enseignant de l'Ancien Testament au Séminaire de l'Université
Andrews à Berrien Springs, dans le Michigan. Nous souhaitons, en
étudiant ces leçons dans un esprit de prière, être gagnés par la
passion qu'éprouve Roy Gane pour le Seigneur. Il ne peut en être
autrement : en effet, ces paro-les nous révèlent Celui qui, alors
et aujourd'hui encore, proclame avec le même désir plein d'attente
: << Consolez, con-solez mon peuple. >> (Es 40.1)
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